10.29.2008

Bruce Toussaint.

C'est les vacances depuis vendredi soir, et on est encore mercredi, pour une petite heure.
Et comme on est mercredi, je viens juste d'abandonner ma télé pour aller enfin me consacrer à Balzac. Le mercredi, c'est mon petit rituel, ma dose hebdomadaire : Grey's Anatomy.
Un jour il va falloir que je me décide à arrêter de parler constamment de cette série sur mon blog parce qu'à force, les gens vont se lasser, et mes -ô combien nombreux- lecteurs ne me liront plus. Je kiffe Grey's Anatomy. Ça me permet de me glisser dans un monde complètement autre, une sorte de super arrière-monde de Nietzsche.
Découvre tes problèmes affectifs et psychologiques avec internet ! \o/
Ça me fait du bien de pleurer comme une madeleine en regardant de jeunes médecins écervelés coucher dans tous les coins et avoir des vies palpitantes parce que d'abord ce sont... attention les yeux, des adultes, et puis ils ont un super boulot, ouais, ils sont médecins, ils sauvent tout plein des gens et tout c'est super, et puis aussi comme ils vivent aux États Unis et ben il leur arrive vachement plus de trucs que nous. Et puis en plus c'est trop la classe parce que dans six dodos et ben peut-être que Barack Obama il va être Président ça va être trop bian !.
Bref. Moi j'aurais bien aimé faire médecine. Bon déjà il aurait fallu que je fasse S. Et là c'était pas gagné. Bon, j'aurais pris spé bio, déjà ça aurait réglé un certain nombre de problèmes. Le truc, c'est que je kiffe pas particulièrement les dissections sur les animaux. Et puis après j'aurais du apprendre tous les os de l'avant bras, et il y en a certainement beaucoup trop pour que mon pauvre cervelet puisse les retenir, sachant qu'il n'est pas capable de se souvenir de la conjugaison de l'optatif parfait passif, oh, le bourriquet. Mais sinon, ça doit être cool d'être médecin. Pas médecin de campagne, ah nan, bouh, c'est pas bian ça, mais un bon gros médecin qui adore le sang et qui adore aussi faire des grosses boucheries et puis se faire prendre en otage aux urgences. Mais ça ça marche que aux États Unis alors c'est plus restrictif. Je crois que Urgences a beaucoup trop influencé ma jeunesse. Et d'ailleurs je suis en train de me dire que Urgences c'est interdit aux moins de 10 ans et que je devais pas avoir forcément plus de 10 ans quand je regardais ça au début. Hen heeeen. Parents indignes.
Mon super problème affectif qui découle de celui, précédent, qui me conduit à penser que toute vie est préférable à la mienne, du moment qu'elle ne se déroule ni au Congo ni en Géorgie ni au Pakistan, considérant que ma vie, sociale du moins, est réduite à néant par de très prenantes études qui me mèneront à une brillante carrière de professeur émérite qui mourra prématurément d'une tumeur au cerveau d'avoir trop traduit Plutarque et dont le travail aura été supprimé par de brillants informaticiens comme mon frère ayant remplacé les profs par des programmes ; je disais donc, mon super problème affectif est que je compense mon manque de vie en inventant celle des autres. D'où mon goût prononcé dès le plus jeune âge pour l'écriture, car oui, je suis une artiste. D'où mon amour intense pour les jeux de gestion dont le plus brillant représentant est les Sims, car oui, je kiffe grave régenter la vie de ces petits personnages que je crée pour qu'ils soient tous beaux et qu'ils s'aiment et qu'ils aient tout plein d'enfants. Parce que moi, je veux avoir des enfants plus tard quand je serai une grande fille qui gagnerai plein d'argent. Mais en attendant, j'ai pas de vie. Oh si, j'ai une vie, je sors le jeudi soir et puis avec mes amis on se fait agresser et puis je manque de pleurer onze heures et demi du soir parce que j'ai bien cru que le mec qui a craché trois fois sur ma copine allait nous tuer. Et j'ose dire que j'ai pas de vie, mais quelle honte. En plus je suis une grosse salope parce que le net c'est accessible à tout le monde et je parle de ce qui s'est passé jeudi soir alors que c'est moi même qui ai harcelé la débile profonde pour qu'elle évite de raconter à tout le lycée nos mésaventures. Et puis je suis aussi une salope parce que j'ai pris un plaisir ineffable à la faire pleurer, mais bon, je me console en me disant qu'elle l'avait bien mérité. Tout ça dans une même soirée. Mais dites donc, les petits médecins là, c'est de la gnognotte leurs délires à eux.
Venons en au fait. Il est fort probable que j'adore regarder cette série, non parce que je me délecte de les voir forniquer dans toutes les pièces du studio de tournage, mais parce que je compense le fait que moi je couche avec personne par le fait que eux couchent avec tout le monde. Et à ce propos, je tiens à signaler à la Terre entière qui trépigne d'impatience de me l'entendre dire, que je trouve que T.R. Knight a un cou trop sexy, et une gorge trop sexy, enfin que le truc avant sa tête qui dépasse de sa blouse bleu layette est trop sexy. Et comme par hasard, grande révélation, cette homme est gay. Mais oui bien sûr, on s'y attendait pas du tout, vu que c'est pas du tout mon genre d'être toujours en kiffe sur les charmants messieurs qui sont en kiffe sur les charmants messieurs plutôt que sur de banales demoiselles. D'où l'hypothèse de subir l'opération qui me fera devenir un homme séduisant, avec plus de boutons, et bourré de testostérone. Parce que je kiffe ce mot. Et il faut que j'arrête de dire kiffer, le correcteur orthographique en a marre, et moi aussi. D'où le besoin intense de trouver une personne merveilleuse qui pourra combler l'horrible trou d'amour laissé vide par une enfance tragique et l'absence d'un père, ou d'une mère, ou les deux, et aussi d'un arrière-grand-cousin-germain-neveu-de-la-grand-mère-paternelle-de-mon-beau-frère.
Sondage du jour : les sites de rencontres, est-ce la solution ?
Partant du principe que je n'ai pas encore atteint l'âge fatidique de la majorité, je dirais non.
Pour répondre "oui", tapez 1.
Pour répondre "non", tapez 2.
Mieux que la Star Ac'.

See you soon aligator.

Et on me remercie pour le soin que j'ai apporté à la mise en page. Youhou.

10.22.2008

Ventrelu !

Ça faisait bien longtemps que mon chemin n'avait pas croisé celui de cette entité virtuelle mais non moins nécessaire à mon existence et à celle des gens qui sont incapables de connaître son contenu autrement.

J'écoute Valerie, d'Amy Winehouse. C'est vraiment du gâchis qu'elle se foute dans un état pareil parce qu'elle fait de la musique de qualité.

J'ai maigri. J'ai blanchi. J'ai le teint blafard, des cernes pires qu'avant, je suis fatiguée, moins malade que les autres, je ne vomis pas, ce qui est non négligeable, j'ai des poils aux pattes, j'ai le ventre flasque, mou. Ma condition physique laisse sérieusement à désirer.

Par contre, je suis un génie qui s'ignore. Du moins, je m'ignore jusqu'au moment où arrivera mon fatidique 3 en Philo, 4 en Français, et très espéré 8 en Histoire.
En ce moment j'ai des bonnes notes. C'est intéressant et déroutant comme sensation, l'impression que l'on a sa place quelque part alors que l'on s'est efforcé de se persuader que l'on ne serait qu'un ventre mou - c'est le cas de le dire - perdu ans une masse de gens brillants. Je réussis. Et puis je tiens globalement le coup. J'aime les gens avec qui je suis. Je réalise jour après jour à quel point Lucie est vraiment une fille que j'adore et sur laquelle je peux compter, et qui j'espère sait qu'elle aussi peut irrémédiablement compter sur moi.
Évidemment, il y a toujours ces brebis galeuses, ces vilains petits canards, dans chaque promo, pour paraphraser la grande littérature scénaristique de Grey's Anatomy. Il y a des gens qui se complaisent dans une plainte incessante et molle (cf. champ lexical de la mollesse), pour lesquels l'axe du monde a été fixé à partir de leur nombril et de leur grave maladie d'enfance, qui s'imaginent irrésistibles, tant en amour qu'en amitié.
Mais on finit toujours par se faire traiter de grosse truie, alors à quoi bon ?

Demain j'ai un devoir de latin, que je m'apprête à saborder par mon manque de conscience étudiante, ou par le simple besoin de compenser mon impossibilité à consommer par mon dialogue factice avec des amis imaginaires qui se résumerait d'ailleurs plutôt par un long monologue du moi avec l'autre moi pour enfin en arriver à un simulacre de psychanalyse ratée.
Ou comment aller en Hypokhâgne et se la péter à outrance en mettant des K et des accents circonflexes partout et aussi en faisant des phrases très longues sans ponctuation, un peu somme pourrait le faire un auteur grec servi en version à de pauvres élèves désarmés.
Certes, il n'est que 21h21.

J'ai de multiples tics de langage, savez vous ?

J'ai cru comprendre que mon amie Jeanne d'Arc allait ruiner ses parents pour m'offrir un magnifique présent, ce dont je déduis qu'elle honorera mon anniversaire de sa gracieuse présence. Notre dictateur doit aussi venir, et puis le chef des Armées aussi, et aussi Cunégonde. Reste à savoir si mon ami, autrefois nommé Lithodome, entamera également le périple jusqu'au havre de paix que constitue ma maison. Et puis après, reste Kékil.
Parce que Kékil, ben perso, moi j'ai plus de nouvelles. Je ne vais pas faire preuve d'une vile hypocrisie, mais ce n'est pas faute d'avoir envoyé des mails, communs certes, mais cependant adressés de la même manière à chaque personne. N'ayant pas reçu de réponse, mon interrogation reste en suspens, comme toutes celles que je pouvais m'être en vain posées sur sa vie.
A bon entendeur.

Demain je sors. Je vais boire, peut-être pas de manière outrancière car je tiens à éviter de recevoir le professeur de philosophie en vomissant, ce qui serait fort indélicat et inapproprié pour une telle personne. Qui me fait peur qui plus est, d'ailleurs pas tant pas un aspect physique effrayant, mais par une manière d'être qui dénote un profond dérangement mental.
Par moments, j'ai la bizarre impression d'aller bien. Les gens pleurent et moi je vais bien. Seul Alfred de Vigny parvient à me faire monter les larmes aux yeux. Cette dernière affirmation m'amène à penser que je suis entrée dans un monde parallèle, dans une logique où seul le travail compte, dans laquelle je souffre mais dont je me nourris et sans laquelle je peine à trouve le sens. Le mercredi après-midi, quand je n'ai pas de khôlle, la seule occupation qui me vient à l'esprit est de travailler. Les gens qui viennent me parler me dérangeraient presque, et puis je culpabilise de ne pas travailler.
Or donc, comme dirait Etiennette, ma vie sociale en pâtit sérieusement, sauf si l'on considère que mes seules proches connaissances sont mes chers camarades de classe avec lesquels je passe le plus clair de mon temps. On est un bon groupe, c'est sympa. Et donc, demain, on sort, on va peut-être boire inconsidérément, mais il faut bien extérioriser toute cette pression nerveuse et physique que l'on ne peut supporter qu'ensemble et vivre un peu notre jeunesse comme des jeunes qui veulent juste s'amuser, voir le soleil se lever le matin et se coucher le soir, ne pas parler d'exégèse à tous les repas.
D'un autre côté, on apprend beaucoup.

"La logique politique est-elle intrinsèquement conflictuelle ?"
Je vous pose la question.
Et vous y répondez. Vous avez une heure de préparation et trente minutes de passage, seul, dans une salle étriquée, face à une enseignante à la dentition perturbante et dont le bleu des yeux fait frénétiquement regarder se feuille. Sachez que je crois avoir réussi à répondre à cette question.

Être en prépa, c'est aussi devenir un monstre, se moquer des gens, écouter des conversations, vilipender celui qui a trahi son camp, et autres. Être en prépa, c'est ressentir un plaisir sans doute malsain à sa propre méchanceté ou à celle des autres. Mais je crois qu'on a encore une conscience.
Ou pas.

Je te félicite, toi, lecteur, d'avoir achevé la lecture de cet article fort insipide et hautement narcissiquement autobiographique, puisque seule ma vie, mes choix, et mes états d'âme propres importent, c'est bien connu. Mais on est tellement surmenés qu'on gagne bien le droit d'être irascibles et excessivement émotifs.