10.22.2008

Ventrelu !

Ça faisait bien longtemps que mon chemin n'avait pas croisé celui de cette entité virtuelle mais non moins nécessaire à mon existence et à celle des gens qui sont incapables de connaître son contenu autrement.

J'écoute Valerie, d'Amy Winehouse. C'est vraiment du gâchis qu'elle se foute dans un état pareil parce qu'elle fait de la musique de qualité.

J'ai maigri. J'ai blanchi. J'ai le teint blafard, des cernes pires qu'avant, je suis fatiguée, moins malade que les autres, je ne vomis pas, ce qui est non négligeable, j'ai des poils aux pattes, j'ai le ventre flasque, mou. Ma condition physique laisse sérieusement à désirer.

Par contre, je suis un génie qui s'ignore. Du moins, je m'ignore jusqu'au moment où arrivera mon fatidique 3 en Philo, 4 en Français, et très espéré 8 en Histoire.
En ce moment j'ai des bonnes notes. C'est intéressant et déroutant comme sensation, l'impression que l'on a sa place quelque part alors que l'on s'est efforcé de se persuader que l'on ne serait qu'un ventre mou - c'est le cas de le dire - perdu ans une masse de gens brillants. Je réussis. Et puis je tiens globalement le coup. J'aime les gens avec qui je suis. Je réalise jour après jour à quel point Lucie est vraiment une fille que j'adore et sur laquelle je peux compter, et qui j'espère sait qu'elle aussi peut irrémédiablement compter sur moi.
Évidemment, il y a toujours ces brebis galeuses, ces vilains petits canards, dans chaque promo, pour paraphraser la grande littérature scénaristique de Grey's Anatomy. Il y a des gens qui se complaisent dans une plainte incessante et molle (cf. champ lexical de la mollesse), pour lesquels l'axe du monde a été fixé à partir de leur nombril et de leur grave maladie d'enfance, qui s'imaginent irrésistibles, tant en amour qu'en amitié.
Mais on finit toujours par se faire traiter de grosse truie, alors à quoi bon ?

Demain j'ai un devoir de latin, que je m'apprête à saborder par mon manque de conscience étudiante, ou par le simple besoin de compenser mon impossibilité à consommer par mon dialogue factice avec des amis imaginaires qui se résumerait d'ailleurs plutôt par un long monologue du moi avec l'autre moi pour enfin en arriver à un simulacre de psychanalyse ratée.
Ou comment aller en Hypokhâgne et se la péter à outrance en mettant des K et des accents circonflexes partout et aussi en faisant des phrases très longues sans ponctuation, un peu somme pourrait le faire un auteur grec servi en version à de pauvres élèves désarmés.
Certes, il n'est que 21h21.

J'ai de multiples tics de langage, savez vous ?

J'ai cru comprendre que mon amie Jeanne d'Arc allait ruiner ses parents pour m'offrir un magnifique présent, ce dont je déduis qu'elle honorera mon anniversaire de sa gracieuse présence. Notre dictateur doit aussi venir, et puis le chef des Armées aussi, et aussi Cunégonde. Reste à savoir si mon ami, autrefois nommé Lithodome, entamera également le périple jusqu'au havre de paix que constitue ma maison. Et puis après, reste Kékil.
Parce que Kékil, ben perso, moi j'ai plus de nouvelles. Je ne vais pas faire preuve d'une vile hypocrisie, mais ce n'est pas faute d'avoir envoyé des mails, communs certes, mais cependant adressés de la même manière à chaque personne. N'ayant pas reçu de réponse, mon interrogation reste en suspens, comme toutes celles que je pouvais m'être en vain posées sur sa vie.
A bon entendeur.

Demain je sors. Je vais boire, peut-être pas de manière outrancière car je tiens à éviter de recevoir le professeur de philosophie en vomissant, ce qui serait fort indélicat et inapproprié pour une telle personne. Qui me fait peur qui plus est, d'ailleurs pas tant pas un aspect physique effrayant, mais par une manière d'être qui dénote un profond dérangement mental.
Par moments, j'ai la bizarre impression d'aller bien. Les gens pleurent et moi je vais bien. Seul Alfred de Vigny parvient à me faire monter les larmes aux yeux. Cette dernière affirmation m'amène à penser que je suis entrée dans un monde parallèle, dans une logique où seul le travail compte, dans laquelle je souffre mais dont je me nourris et sans laquelle je peine à trouve le sens. Le mercredi après-midi, quand je n'ai pas de khôlle, la seule occupation qui me vient à l'esprit est de travailler. Les gens qui viennent me parler me dérangeraient presque, et puis je culpabilise de ne pas travailler.
Or donc, comme dirait Etiennette, ma vie sociale en pâtit sérieusement, sauf si l'on considère que mes seules proches connaissances sont mes chers camarades de classe avec lesquels je passe le plus clair de mon temps. On est un bon groupe, c'est sympa. Et donc, demain, on sort, on va peut-être boire inconsidérément, mais il faut bien extérioriser toute cette pression nerveuse et physique que l'on ne peut supporter qu'ensemble et vivre un peu notre jeunesse comme des jeunes qui veulent juste s'amuser, voir le soleil se lever le matin et se coucher le soir, ne pas parler d'exégèse à tous les repas.
D'un autre côté, on apprend beaucoup.

"La logique politique est-elle intrinsèquement conflictuelle ?"
Je vous pose la question.
Et vous y répondez. Vous avez une heure de préparation et trente minutes de passage, seul, dans une salle étriquée, face à une enseignante à la dentition perturbante et dont le bleu des yeux fait frénétiquement regarder se feuille. Sachez que je crois avoir réussi à répondre à cette question.

Être en prépa, c'est aussi devenir un monstre, se moquer des gens, écouter des conversations, vilipender celui qui a trahi son camp, et autres. Être en prépa, c'est ressentir un plaisir sans doute malsain à sa propre méchanceté ou à celle des autres. Mais je crois qu'on a encore une conscience.
Ou pas.

Je te félicite, toi, lecteur, d'avoir achevé la lecture de cet article fort insipide et hautement narcissiquement autobiographique, puisque seule ma vie, mes choix, et mes états d'âme propres importent, c'est bien connu. Mais on est tellement surmenés qu'on gagne bien le droit d'être irascibles et excessivement émotifs.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Je suis même pas foutue de me réjouir pour toi, je me contente de ruminer ma propre vie en négatif de ton post.
C'est beau la nature humaine hein ?
Je suis désolée.

Anonyme a dit…

Ben je crois que c'est un peu normal en fait.

Moi, j'arrive presque à en avoir plus rien à branler de la vie des autres. Genre mes parents qui me racontent leur vie, ben je les coupe et je raconte la mienne, parce que bon ben voilà quoi.
On a besoin de penser un peu à soi.

Moi