12.05.2008

La banane du Se-Tchouan

Je suis pas quelqu'un de flamboyant. Je crois. Je suis juste une fille qui essaye de pas s'en sortir trop mal. J'essaye de pas faire de mal aux gens en général, parce que d'abord c'est pas cool et qu'en plus j'ai pas particulièrement envie d'être une prépa caca. Et pourtant...
Je veux pas qu'on se méprenne. Je ne vais pas mal. J'ai des choses au fond de moi, comme nous tous, qui remontent par moment, et qui, comme tous ceux qui ont pas eu une enfance toute rose dans un palace californien avec des parents friqués et aimants, ce qui est d'ailleurs rarement compatible, me donnent envie de me flinguer. Et puis après je me dis que maintenant c'est fini, que je suis sortie de là et que je m'en sors bien. Il y a des choses que j'ai réussi à dire, et d'autres que je ne pourrais jamais assumer devant personne parce que moi même je ne les accepte pas et qu'elles me font trop de mal. Ça fait partie de mon intimité et je connais certaines personnes suffisamment bien pour être certaine qu'elle comprennent ce que je veux dire. Mon jardin secret, même s'il n'y a pas que des lys et des jolis coquelicots tout choupis, ben... ben c'est comme un package quoi. Je fais avec, j'ai l'habitude. Ça ne serait pas moi sinon.
Mais c'est pas pour autant que ça va pas.
Nan, ça va plutôt bien d'ailleurs. Je viens d'achever une semaine de Concours Blanc, avec aujourd'hui cinq heures de dissertation de philosophie sur le sujet "Peut-on déterminer ce qui est juste ?". J'hésite entre j'ai raté toute ma semaine et c'est cool et j'ai peut-être pas trop mal réussi cette semaine et c'est cool. Maintenant, il ne me reste que deux jours d'épreuves, en début de semaine prochaine puis une fin de semaine à un rythme fort ralenti je pense, puis une semaine, puis les vacances. Ah oui en plus je vais me murger la gueule mercredi prochain pour fêter ça, alors ça ne peut aller que bien !

Bon, je vais essayer d'expliquer plus clairement ce qui s'est passé en Français. J'ai la fâcheuse tendance à être horriblement observatrice. Je regarde tout le temps les détails chez les gens, j'essaye de les percer à jour. Je regarde leurs bijoux, leurs vêtements, leur façon de bouger, de parler. C'est con mais j'aime bien. Et alors quand je m'ennuie c'est pire que tout. Donc, mardi, quand j'en ai eu marre de réfléchir à la description dans le roman et à la citation de Juju Gracquounet, ben j'ai observé le prof. Il se trouve que ma table était placé entre deux rangées de tables et qu'en face de moi il n'y avait rien, sauf, loin devant, la table du prof, et le prof. Et à un moment j'ai vu qu'il était en train de lire Proust, et comme je l'ai vu rire ça m'a un peu choquée, alors je l'ai noté sur mon brouillon avec l'heure. Et comme j'ai trouvé ça foncièrement amusant, j'ai continué à étudier ses réactions à la lecture de cette grande oeuvre littéraire que je n'ai pas terminée. Et il faisait plein de têtes drôles. Alors je l'ai écrit sur ma feuille. Ça a vraiment été très instructif et drôle. Du moins jusqu'au moment où il est passé à côté de ma table et où il a vu ce que j'avais écrit, et d'un coup, c'est devenu beaucoup moins drôle et beaucoup plus gênant. De là il m'a dit "Je vois que tu m'observes". Et moi je répondre "C'est parce que je m'ennuyais". Sachant que le monsieur est un rien moqueur, j'appréhende un peu le moment où il va rendre les copies, d'autant plus que j'ai zappé ma problématique. Au moins, hier au théâtre, ça s'est bien passé. Hormis que j'ai été assez mauvaise. Le truc c'est que j'ai pas super envie qu'il me prenne pour une malade mentale ni pour une érotomane. J'ai pas le béguin pour lui. Il me fait rire parce qu'il est méchant et que ça ne s'exerce pas contre moi mais ça s'arrête là. Heureusement d'ailleurs parce que j'ai vraiment pas besoin de ce genre d'emmerde en ce moment. La prépa est auto suffisante je crois en terme de prise de têtes. Moony confirmera.

Je me sens... enveloppée. Quand je vais sur mon blog, il me parait froid, sans âme, j'ai l'impression que ma vie est fausse, c'est bizarre. Mais quand je descends pour voir si quelqu'un a commenté ces merveilleuses productions littéraires que sont mes articles, et que je tourne la molette de ma souris avec le profond sentiment qu'il n'y en aura pas, je suis un peu dépitée et j'ai l'impression d'avoir perdu des ptits bouts de mon âme, jusqu'au moment où enfin je vois que non, mes amis sont toujours là, qu'ils sont dans l'ombre, dans le gris de mon fond, cachés derrière mes oreilles, et qu'ils voient tout, ils sont là, ils ne m'ont pas lâchée, les pauvres, ils auraient peut-être du, mais ils s'accrochent les bougres, ils veulent toujours de moi. Et puis tous ensemble, ils font une bulle de chaleur autour de moi, et quand je me pèle en philo, et ben eux ils sont là, ils veillent sur moi, et si j'ai envie de pleurer quand j'écris ça, c'est que si on les enlève, si on me "dégraisse" d'eux, je ressemblerais à une "nef gothique dont on démolirait par économie les arcs-boutants". Merci Juju. Ils rendent ma peau plus douce, mes yeux plus bleus, et ma vie infiniment plus belle. Et putain, que ça fait du bien de les lire.
Les cadeaux je m'en fous qu'ils soient utiles, ils peuvent même être moches, un simple bout de tissu, du moment que je sens que c'est vous, que quand je les vois je me dis que vous êtes toujours là, comme dans ce grand film de mon enfance, "Un indien dans le Placard" où un petit gamin américain transforme ses jouets en jouets vivants et après ils ne les quitte plus. Mon esprit brillant (oui, je suis modeste) a créé des représentations fictives de ces gens, et quand je ferme les yeux, je revois leurs visage, leurs cheveux de feu au vent, avec le soleil qui fait mal aux yeux derrière, mais qui est tellement beau qu'on a envie de se rendre aveugle pour se dire qu'au moins on l'a regardé en face. Et quand c'est dur, et en ce moment c'est pas forcément facile, ça me console de me dire que je suis pas toute seule, et que je peux passer une heure et demi au téléphone le samedi après-midi, rien qu'à parler de banalités et du neutre de Roland Barthes. Et de me dire aussi que ces gens là, ils comptent autant pour moi que je crois compter pour eux. Si un jour il y a de nouveaux articles sur les blogs, je mettrai des commentaires, parce que je kiffe vraiment grave les commentaires. Je suis droguée d'eux, d'autres choses aussi, mais d'eux surtout.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hé. Je t'aime.

Ma'

Ps: tu sais que y'a que dans tes yeux et dans les leurs que je me sens invincible et irrésitible ?

Anonyme a dit…

roooh sarah écris bien : B des fois je me relis la méga partie de destaing qu'on avait faite ensemble. j'aimerais bien que tu rammènes ton cul de prépa caca chez ouam pour qu'on fasses des trucs de djeunes. genre qu'on joue a destaing quoi. : D non je sais c'est pas un truc de djeunes mais bon quand même. Il me tarde le mois de janvier, ou je pourrais venir te voir le vendredi et manger avec toi en une heure... genre, je te ferais des petits sandwiches comme un bon bras droit que je suis. ou alors je te regarderais crever la faim devant moicar je suis un infâme dictateur. >8 D